S’il y a bien un sujet sur toutes les lèvres depuis maintenant plusieurs années, c’est celui du gluten. Entre le nombre croissant de personnes qui s’auto proclament « intolérantes » et qui cherchent à le supprimer, l’augmentation exponentielle du nombre de produits labelisés « sans gluten » dans les supermarchés et les enseignes spécialisées ou encore les nombreux spécialistes et médecins qui affirment que cela n’est qu’une mode, il est bien difficile de savoir à quoi s’en tenir à ce sujet.
Avant de rentrer dans le cœur du sujet, petite introduction afin de savoir ce qu’est réellement le gluten. Le terme « gluten » désigne en effet un mélange de deux types de protéines que l’on appelle les prolamines et les gluténines. Les prolamines sont présentes dans la plupart des céréales (riz, blé, avoine, orge) mais ne sont pas nécessairement problématiques pour l’être humain. La prolamine présente dans le blé, la gliadine, est cependant bien plus problématique car globalement mal digérée par l’appareil digestif. Nous reviendrons sur cela plus en détail dans la 1ère partie de cet article.
Avant toute chose, une petite mise au point s’impose ; en effet, les notions « d’intolérance » et de « sensibilité » au gluten sont malheureusement trop souvent confondues. L’intolérance au gluten, plus connue sous le nom de maladie cœliaque, s’apparente à une maladie auto-immune et représente une pathologie nécessitant des mesures alimentaires strictes. La prévalence de la maladie cœliaque dans la population générale est estimée à environ 1% (1)(2), bien que le diagnostic ne soit pas évident à établir. A ce jour, les tests de référence reposent sur la biopsie intestinale ainsi que sur la présence dans le sang d’anticorps IgA anti-transglutaminase et anti-endomysium. Des tests génétiques peuvent également être utilisés en complément, notamment pour les gênes HLA DQ2/DQ8 (3)(4).
La sensibilité non cœliaque au gluten (SNCG), quant à elle, est encore plus difficile à établir. En effet, les symptômes peuvent grandement varier et peuvent parfois être confondus avec le syndrome de l’intestin irritable, une sensibilité aux FODMAPS ou encore aux polluants et pesticides présents en grande quantité dans les céréales contenant du gluten…
C’est donc parti pour un tour d’horizon du gluten, avec au programme les aspects historiques, digestifs et immunitaires liés au gluten 😊 Enfin, nous verrons comment réduire/supprimer facilement le gluten de l’alimentation pour celles et ceux qui le souhaitent. Bonne lecture avec Lokarb Nutrition!
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L’histoire du gluten
Avant de rentrer dans le vif du sujet concernant les aspects physiologiques, attardons nous un petit peu sur l’introduction du gluten dans notre alimentation. Pas plus tard que ce matin, à l’heure ou sont écrites ces lignes, j’entendais en effet une diététicienne affirmer que « nous mangeons du gluten depuis plusieurs dizaines de milliers d’années ». Et à vrai dire, cela est plutôt faux… en effet, nous mangeons du gluten en tant qu’êtres humains depuis environ 10 000 ans. Ce qui peut sembler être un détail sémantique est au contraire un élément important. A l’échelle de l’histoire de l’humanité, vieille d’environ 6-7 milliards d’années (5), 10 000 ans représente un grain de sable…
Pour ce qui est des céréales de manière globale, il semblerait que nos ancêtres en consommaient déjà, sous formes de variétés sauvages et de manière sporadique, il y a environ 40 000 ans (6). Toutefois, la consommation de gluten via des formes domestiquées de blés paraît être bien plus récente. Le gluten est ainsi arrivé dans l’alimentation de notre espèce il y a environ 10-12 000 ans, à une époque que les historiens et les anthropologues appelle la révolution néolithique.
Cette période est révolutionnaire en cela qu’elle marque le passage d’un mode de vie nomade et d’une alimentation de type chasseur-cueilleur à un mode de vie bien plus sédentarisé, basé sur l’élevage d’animaux et la culture de céréales, de graines et de plantes. Cette révolution a notamment permis l’augmentation de l’apport calorique et la croissance prodigieuse de l’espèce humaine. Malheureusement, cela ne s’est pas déroulé sans accrocs, dont le gluten fait plus ou moins partie !
Figure 1 : évolution de la lignée humaine au fil du temps
Historiquement, les premières variétés de blés consommées l’étaient sous une forme que l’on appelle l’engrain sauvage. Engrain sauvage qui, une fois domestiqué par un peuple appelé « les natufiens (7), deviendra ce que l’on connait aujourd’hui comme étant le petit épeautre. Initialement composé de 14 chromosomes, cette variété ancestrale de blé s’avérait bien moins riche en gluténines mais plus riche en gliadines (8)(9)(10). La teneur élevée en gluténines des blés modernes permet ce que l’on appelle une meilleure « panification » ; c’est-à-dire qu’elle confère des propriétés chimiques plus intéressantes et un meilleur pouvoir gonflant pour les pâtes à pain.
Figure 2 : évolution des variétés de blés suite aux hybridations
Mais d’où viennent ces différences, me direz-vous, entre les blés modernes et les blés anciens ? Et bien il faut savoir que, dans une optique d’augmentation des rendements, les variétés anciennes de blés, comme le petit épeautre, ont été massivement hybridées au cours du 20ème siècle par les géants de l’industrie agro-alimentaire. Ces hybridations ont été obtenues par un processus appelé « rétrocroisement », principalement grâce aux efforts d’un homme qui obtiendra plus tard le prix Nobel de la paix pour ces travaux et pour son impact sur la révolution verte, Norman Borlaug. En bref, cette technique de rétrocroisement permet de conserver les caractéristiques favorables du blé (résistance au froid, aux insectes etc..) en hybridant les variétés entre elles.
Le problème, c’est qu’en hybridant massivement les variétés de blés entre elles, nous avons aussi profondément modifié la structure de cette céréale. Alors qu’elle semblait relativement bien tolérée sous sa forme sauvage il y a 10 000 ans, nous sommes désormais en droit de nous interroger quant aux conséquences de ces modifications génétiques sur notre santé digestive…
Figure 3 : évolution des rendements de blé dans la 2ème partie du 20ème siècle
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Gluten et système digestif
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Le processus de digestion
En temps normal, une protéine subit plusieurs transformations au cours du processus de digestion. Dans un premier temps, la mastication permet de préparer les protéines à la digestion chimique intervenant dans l’estomac et l’intestin grêle. Une fois dans l’estomac, les protéines vont commencer à être transformées en polypeptides (assemblage d’un grand nombre d’acides aminés) grâce à l’acide chlorhydrique et à une protéase, une enzyme chargée de la transformation des protéines, appelée pepsine. L’activité gastrique permet également une action mécanique et termine ainsi le broyage et la fragmentation des protéines.
Cette substance acide, que l’on appelle le chyme, parvient ensuite à l’entrée de l’intestin grêle, le duodénum. A ce moment, le pancréas sécrète plusieurs protéases qui vont avoir pour rôle de poursuivre le « découpage » des polypeptides obtenues à l’issue des 1ères phases de digestion. Ces protéases, au nombre de 4, sont contenues dans une substance que l’on appelle le suc pancréatique. Cette substance contient également du bicarbonate permettant de neutraliser l’acidité du chyme gastrique, celui-ci pouvant endommager les parois de l’intestin grêle dépourvues de mucus.
Les protéases contenus dans le suc pancréatiques sont ensuite activées via une autre enzyme appelée enteropeptidases. A partir de là, les polypeptides vont pouvoir être découpées en plus petits peptides voir finalement en acides aminés, et ce afin d’être absorbés par le corps en passant dans la circulation sanguine. A noter toutefois qu’une bonne partie des protéines sont absorbées sous forme de di ou de tripeptides, c’est-à-dire l’assemblage de 2 ou 3 acides aminés ensemble.
Figure 4 : de la protéine à l’acide aminé
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Le problème avec le gluten
Dans le cas du gluten, le processus de digestion ne se passe pas comme prévu. La gliadine, l’une des protéines les plus présentes dans le blé, s’avère en effet partiellement résistante à la digestion, possiblement du fait de sa teneur élevée en proline. Sur ce point, les études ne sont pas unanimes ; in vitro, certaines rapportent une bonne efficacité des enzymes digestives sur la gliadine (11)(12). D’autres (13)(14) rapportent à l’inverse une digestion incomplète de certains peptides issus de la dégradation de la gliadine. Les mécanismes associés à la dégradation de la gliadine ne sont pas encore complètement compris, et il se pourrait que les personnes souffrant de la maladie cœliaque présentent une activité enzymatique réduite, conduisant à l’impossibilité pour eux de digérer convenablement cette protéine.
Toujours est-il que la dégradation incomplète de la gliadine entraine chez ces personnes le passage dans le sang de fragments de protéines, les fameux peptides, qui ne sont normalement pas supposés être présents dans le sang. Ce passage se fait au travers de la barrière intestinale (cf. schéma ci-dessous) et des jonctions serrées de l’intestin grêle, signe d’une perméabilité intestinale anormale.
Figure 5 : mécanisme de perméabilité intestinale
Les mécanismes qui entrainent cette augmentation de la perméabilité intestinale dans le cadre du gluten ne sont pas encore complètement élucidés, bien que ce phénomène soit avéré chez de nombreux individus, y compris les personnes ne souffrant pas de la maladie cœliaque (15)(16). L’un des mécanismes en cause pourrait être la fixation de la gliadine à des récepteurs spécifiques (17), entrainant dès lors la libération d’une hormone découverte dans les années 1990, la zonuline. Pour faire simple, cette hormone contrôle le passage des nutriments et des molécules de part et d’autre de la barrière intestinale, en régulant notamment l’espacement situé au niveau des jonctions serrées. Elle est retrouvée à des taux élevés chez les personnes souffrant de pathologies liées au gluten (18)(19) ainsi que dans le cas du syndrome de l’intestin irritable et de nombreuses autre pathologies (20). Le gliadine fait partie des protéines stimulant le plus la production de zonuline (21), pouvant dès lors entrainer la survenue du « leaky gut syndrome », ou hyperperméabilité intestinale en français. Cette hyperperméabilité favorise le passage dans le sang de molécules de taille anormales qui ne devraient pas s’y retrouver ; cela peut par conséquent déclencher des réactions inflammatoires non désirées.
Dans le cas de la gliadine, sa présence dans le système digestif semble en mesure d’engendrer une inflammation quasi-systématique, y compris chez les personnes ne déclarant aucun problèmes vis-à-vis du gluten (17)(22). La gliadine pourrait ainsi conduire à la formation de 50 épitopes, c’est-à-dire 50 séquences d’acides aminés susceptibles de déclencher une réponse immunitaire en venant se fixer à la surface des lymphocytes T, générant ainsi la production de cytokines pro inflammatoires comme les interleukines 6 et 13. A l’inverse, le retrait du gluten de l’alimentation chez des personnes à priori ni sensibles ni intolérances permet de diminuer le niveau de cytokines pro-inflammatoires dans l’intestin (23).
Chez les personnes intolérantes ou sensibles au gluten, il semblerait que la transglutaminase tissulaire joue un rôle majeur dans le déclenchement de la pathologie (24). Cette enzyme conduit notamment à une modification de la structure des peptides issus de la gliadine (25)(26) ; chez les personnes prédisposées génétiquement, cette légère modification pourrait ainsi induire une réponses immunitaire dirigée contre les propres cellules du corps. C’est pour cette raison que la maladie cœliaque est considérée comme une maladie auto-immune (bien qu’elle n’en possède pas toutes les caractéristiques) et qu’elle aboutit à la production d’anticorps anti transglutaminase et anti gliadine. Malheureusement, ces anticorps vont aussi aboutir à la destruction progressive des villosités intestinales (cf. figure 6), qui sont le lieu de l’absorption des nutriments issus de l’alimentation. Raison pour laquelle les carences alimentaires sont très souvent voir systématiquement rencontrées chez les individus atteints de la maladie cœliaque.
Figure 6 : villosités intestinales saines et abimées dans le cadre de la maladie cœliaque
Pour les personnes souffrant de cette maladie, l’adoption d’une alimentation sans gluten pendant plusieurs mois représente à ce jour la seule manière de guérir, bien que d’autres thérapies soient étudiées et que l’adhérence à long terme à une alimentation sans gluten ne soit pas chose aisée (27).
Mais qu’en est-il des personnes présentant une sensibilité plus ou moins importante au gluten ? Quelles peuvent être les conséquences sur la santé d’une sensibilité au gluten ?
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Les différentes problématiques de santé pouvant être liées au gluten
Tout d’abord intéressons-nous aux différences entre la maladie cœliaque et SNCG. Concernant les symptômes, on retrouve quasiment les mêmes : diarrhées, ballonnements, fatigue chronique, douleurs articulaires, maux de tête, troubles de l’humeur et j’en passe. La seule différence réside dans le fait que la SNCG, contrairement à la maladie cœliaque, ne semble pas induire d’augmentation du risque de maladies auto-immunes et/ou de cancers. A ce jour, il n’existe pas de tests spécifiques permettant de diagnostiquer une sensibilité plus ou moins importante au gluten. Situation d’autant plus problématique que celle-ci toucherait au bas mot 5 à 10% de la population générale, bien que ces chiffres soient à prendre avec précaution compte tenu du manque d’objectivité évident des symptômes (28)(29)(30)(31).
Qui plus est, la sensibilité au gluten non diagnostiquée pourrait engendrer de nombreux problèmes de santé plus ou moins grave.
Cela pourrait notamment être le cas du syndrome de l’intestin irritable, une affection de la sphère digestive qui correspond d’avantage à une pathologie d’exclusion ; c’est-à-dire que le diagnostic est souvent posé en l’absence d’éléments formels. Le syndrome de l’intestin irritable (SII) se caractérise par des symptômes souvent proches de la SNCG, à savoir des diarrhées, des ballonnements et un gonflement du ventre. Bien que le SII soit une affection multifactorielle et compliquée à caractériser, il se pourrait donc qu’il soit en partie causé par une sensibilité au gluten (32)(33)(34). Qui plus est, une étude allemande de 2007 (35) a mis en évidence que 37% des patients de l’étude diagnostiqués comme souffrant du côlon irritable, souffraient en fait de la maladie cœliaque. Des résultats identiques pour la sensibilité au gluten et confirmés par d’autres études (36)(37). De façon plus générale et sans pour autant que cela traduise une quelconque pathologie, de nombreux individus constatent que la consommation de gluten impacte négativement leurs fonctions digestives. Nombreux en effet sont celles et ceux qui constatent des gonflements, des ballonnements ou une sensation de lourdeur après avoir consommé des pâtes ou du pain à base de farine de blé.
Un autre aspect, difficile à caractériser, mais qui revient souvent dans la SNCG, réside dans la présence d’une fatigue chronique et de troubles émotionnels. Parmi ces derniers, les patients se plaignent souvent d’une sensation de « brouillard mental », de troubles de l’humeur, d’une anxiété plus importante qu’à l’accoutumée ou encore de tendances dépressives. Mais alors, comment expliquer que le gluten puisse avoir un tel impact sur notre cerveau ? Pour le comprendre, revenons-en à l’hyperperméabilité intestinale qui est systématiquement retrouvée dans le cadre de la sensibilité au gluten. Cette « porosité » intestinale permet à certains peptides qualifiés « d’opioïdes » de passer dans la circulation sanguine. Ces peptides pourraient dès lors influencer le fonctionnement du système nerveux, sans pour autant qu’ils soient nécessairement en mesure de traverser la barrière hémato-encéphalique (38)(39), bien que ce phénomène ait été constaté sur des modèles animaux et humains (40)(41). Les peptides issus de la digestion du gluten et de la caséine du lait sont ainsi qualifiés d’exorphines, en lien avec la capacité de ceux-ci à influencer indirectement le fonctionnement cérébral. Cela pourrait expliquer les résultats d’une méta-analyse datant de 2018 et ayant montré, sur une population de 1139 personnes plus ou moins sensibles au gluten, que l’arrêt du gluten permet une amélioration de la santé mentale et cognitive (42).
Figure 7 : zoom sur la barrière hémato-encéphalique
Un autre mécanisme permettrait d’expliquer que le gluten puisse avoir, chez certaines personnes, un tel impact sur le fonctionnement cérébral. Ce mécanisme est connu dans le monde anglo-saxon par l’expression « gut-brain axis », c’est-à-dire l’axe cerveau – intestin. Depuis des années maintenant, le lien entre système digestif et cerveau est connu et mis en avant par de nombreux spécialistes. Certains affirmant même que l’intestin serait notre deuxième cerveau, en lien avec sa richesse en cellules neuronales. Dans le cas de la sensibilité et de l’intolérance au gluten, la dysbiose intestinale et l’inflammation intestinale rencontrées pourrait être à l’occasion d’une altération du fonctionnement cérébral. Pour rappel, la dysbiose intestinale représente la modification des bactéries composant notre flore intestinale, dont la nature semble énormément impacter le fonctionnement de notre organisme, notamment de par la capacité de ces bactéries à communiquer avec nos mitochondries, les organites en charge de la production d’énergie et du métabolisme à l’intérieur de nos cellules. La dysbiose intestinale est en effet très fréquemment retrouvée dans la sensibilité au gluten, au même titre que l’inflammation et l’hyperperméabilité intestinale (43)(44)(45). Ces 3 mécanismes, agissant très souvent de concert, pourraient ainsi expliquer la présence d’épisodes de fatigue, de migraine, d’anxiété, de troubles de l’humeur et même de tendances dépressives chez les personnes sensibles au gluten. Toutefois, il semble pour l’heure difficile d’étendre ce constat à la population générale sur la base de preuves scientifiques solides (46). Ainsi, retirer le gluten pour les personnes qui ne s’en plaignent pas n’apparaît pas spécialement pertinent, à minima en ce qui concerne les aspects cognitifs et mentaux. Gardez toutefois à l’esprit que la sensibilité au gluten est un mécanisme de plus en plus fréquent et qui peut se manifester de manière assez soudaine.
Une autre problématique très fréquemment observée dans la sensibilité/l’intolérance au gluten concerne les affections de la peau, telles que l’eczéma, le psoriasis ou encore la dermatite herpétiforme (47)(48). Ces problématiques seraient directement liées à l’inflammation et à l’hyperperméabilité intestinale engendrées par la consommation de gluten. Dans le cas du psoriasis, il semblerait qu’une alimentation sans gluten puisse améliorer significativement les symptômes liés à la maladie (49), notamment pour les personnes présentant un taux élevé d’anticorps IgA dirigés contre la gliadine (50)(51). Il en va globalement de même pour les personnes souffrant à la fois d’eczéma/de dermatite herpétiforme et de sensibilité/intolérance au gluten. Une fois n’est pas coutume cependant, il paraît pour l’heure compliqué de généraliser ces observations à la population générale.
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Faut-il nécessairement arrêter le gluten et, si oui, comment ?
Nous avons vu au travers de cet article que la prévalence de l’intolérance et de la sensibilité au gluten, deux affections différentes, était relativement élevée au sein de la population générale et en constante augmentation. A l’heure actuelle, intolérance et sensibilité au gluten pourraient ainsi représenter jusqu’à 10% voir plus de la population, le diagnostic de la sensibilité au gluten étant compliqué à poser en raison d’un manque de spécificité des symptômes et des marqueurs associés. La sensibilité au gluten est par exemple très fréquemment confondue avec le syndrome de l’intestin irritable.
Chez les personnes intolérantes ou sensibles, la consommation de gluten entraine une augmentation de la perméabilité intestinale, une inflammation chronique, une dysbiose intestinale et, dans le cas de la maladie cœliaque, une attaque auto-immune de l’enzyme transglutaminase et de l’endomysium (enveloppe musculaire qui exprime la transglutaminase). Les conséquences peuvent dès lors être multiples : problèmes de peau, troubles mentaux et émotionnels, inconforts et pathologies digestives ou encore atteintes du système musculosquelettique avec par exemple la survenue de polyarthrite rhumatoïde ou de spondylarthrite ankylosante. Chez toutes ces personnes, la suppression du gluten devrait vous permettre d’améliorer vos symptômes, encore plus dans le cas de la maladie cœliaque.
Dans le cadre de la sensibilité au gluten, il conviendra avant tout d’essayer de retirer le gluten ou de consommer des formes de blés ancestrales et/ou dépourvues de pesticides. Ces derniers pourraient en effet jouer un rôle majeur dans la survenue des symptômes associés à la sensibilité au gluten, bien que le sujet soit encore relativement nouveau au sein du monde scientifique.
A ce stade, une question demeure : faut-il limiter ou arrêter le gluten si on ne semble ni sensible ni intolérant au gluten ? A priori, la réponse est plutôt négative. En effet, si vous êtes en bonne santé malgré la consommation régulière de gluten, je ne vois pas de raison de s’en passer. Cependant, gardez en tête que les gliadines du blé restent des protéines relativement nouvelles à l’échelle de l’humanité et, de fait, globalement mal digérées par l’organisme humain. Une étude interventionnelle très récente à ainsi mis en évidence qu’une alimentation sans gluten maintenue pendant 4 semaines était en mesure de diminuer le niveau d’inflammation dans l’organisme (52). Une fois de plus, des études interventionnelles sur plusieurs mois/années seraient sans doute nécessaires pour mettre en évidence un éventuel intérêt d’une alimentation sans gluten au sein de la population générale.
En pratique, je ne peux que vous encourager à essayer une alimentation sans gluten pendant quelques semaines voir quelques mois afin d’observer l’évolution (ou non) de votre état de santé. Cela est particulièrement vrai pour les personnes sensibles au gluten, pour lesquelles une alimentation sans gluten maintenue de manière stricte pendant à minima 3 mois devrait permettre l’amélioration d’un bon nombre de paramètres de santé.
Un reproche souvent fait par le corps médical est qu’une alimentation sans gluten risquerait d’engendrer des carences. Bon, jusqu’à preuve du contraire, il faudra qu’on m’explique quels nutriments essentiels sont apportés par les aliments contenant du gluten… En effet, ceux-ci sont majoritairement composés de glucides complexes que nous consommons en trop grande quantité dans bien des cas. Pour ce qui est des vitamines, minéraux, acides gras essentiels ou autres protéines de haute valeur biologique, les céréales n’en contiennent que peu. Si c’était le cas, l’espèce humaine n’aurait sans doute pas survécu, compte tenu du fait que nous consommons du gluten que depuis 10 000 ans environ (pour rappel, l’espèce humaine est vieille d’à peu près 7 millions d’années). Il paraît ainsi bien plus pertinent de se tourner vers des aliments que l’homme a toujours consommé, à savoir les fruits, les légumes, la viande, le poisson, les œufs, les corps gras, les oléagineux et j’en passe.
L’autre critique adressée aux diètes sans gluten est qu’elle serait compliqué voir impossible à mettre en place et à maintenir. Je peux vous l’accorder, cela demande parfois du temps et quelques prises de tête au début, d’autant plus qu’il convient d’effectuer cela de la bonne manière. A titre personnel, je vous déconseille ainsi de vous tourner vers aliments sans gluten ultra transformés que vous pouvez retrouver dans l’ensemble des grandes surfaces. Encore une fois, il existe une multitude d’aliments sans gluten et sains pouvant faire office d’alternatives au quotidien. Pour ce qui est des sources de glucides, vous pouvez par exemple vous tourner vers le quinoa, le riz, le sarrasin, le millet, la patate douce ou encore les pommes de terre. Pas mal pour une alimentation restrictive, non ? Et là, je vois certains me dire que le quinoa et le riz soulèvent des questions d’ordre écologique ou encore que les patates douces sont riches en oxalates. Vous avez raison, mais je pense qu’il faut choisir ses combats. Si le gluten vous fait souffrir au quotidien, la teneur en oxalates des patates douces ne représentera sans doute pas un problème pour vous.
Pour les personnes qui ne sont pas sensibles au gluten, il ne me semble pas problématique de conserver un peu de gluten dans votre alimentation. Personnellement, je n’en ferais pas une denrée de base de mon alimentation, mais je pense qu’une consommation occasionnelle de produits à base de gluten n’est pas dérangeant si vous semblez bien le tolérer. Cela permettra de vous faire plaisir et de maintenir une bonne diversité alimentaire. Pour les personnes sensibles au gluten, sachez que la sensibilité de chacun peut varier ; certains pourront par exemple consommer des produits comme la farine de petit épeautre alors que cela sera impossible pour d’autres.
Finalement, sensibilité/intolérance au gluten ou pas, je ne peux que vous encourager à opter pour une alimentation la moins transformée possible et ou les céréales n’occupent qu’une petite place. Nous ne sommes pas génétiquement faits pour consommer de grandes quantités de glucides, cela est désormais clair à la vue de la littérature scientifique et de la pratique de terrain. Or les céréales n’apportent quasiment que ça ; qui plus, est la culture intensive et le lobbying permanent autour des céréales s’accompagnent de l’utilisation massive d’engrais chimiques et de pesticides dont les conséquences désastreuses sur la santé humaine ne font pas l’ombre d’un doute, bien que les études manquent encore à ce sujet. Ainsi, si vous choisissiez de consommer occasionnellement ou même régulièrement des céréales, je vous invite à réfléchir au fait de les consommer biologiques et si possible locales. Quoiqu’il arrive, je vous recommande de vous renseigner sur le sujet et de vous faire accompagner par un professionnel compétent de la nutrition si vous désirez réduire ou enlever le gluten de votre alimentation, momentanément ou définitivement.
Bref, comme toujours, l’individualisation est la clé. Si vous ne tolérez pas bien le gluten, enlevez-le ou réduisez le. A l’inverse, si celui-ci ne semble pas vous occasionner de problèmes, je ne vois pas de raisons de s’en passer complètement. Gardez toutefois en tête que sa consommation n’est pas sans conséquence, même chez les sujets sains, et que nous n’avons pas évolué en tant qu’espèce en consommant du gluten et même des céréales. Parfois, l’anthropologie et/ou le bon sens peuvent grandement nous éclairer sur nos choix alimentaires 😉
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